La Fondation Toya a annoncé son partenariat avec la Cellule d’intervention psychothérapeutique d’urgence d’Haïti (CIPUH) afin de faciliter l’accès aux services d’accompagnement psychologique aux plus vulnérables. Désormais, les femmes victimes de violence pourront utiliser la ligne téléphonique 29 19 90 00 rendue gracieusement disponible par la DIGICEL pour recevoir une assistance psychologique à distance.
Nadine Louis, directrice exécutive de la Fondation Toya, explique que ce partenariat, rendu possible grâce au soutien financier de la Care-Haïti, répond à un besoin et s’inscrit dans une perspective d’accompagnement et de réhabilitation des filles et des femmes victimes de violence. « Cette initiative se propose de rendre disponibles des professionnelles qualifiées en santé mentale capables de répondre aux diverses sollicitations. Car, il est estimé que 56,9 % des filles et femmes violentées physiquement, 64,8 % des femmes qui ont subi des violences sexuelles, et 39,2% des femmes en proie aux deux formes de violence combinées, n’ont jamais demandé de l’aide ni parlé à une personne de ce qu’elles ont subi. Ces femmes se résolvent au silence qui les bascule graduellement dans la dépression et la perte des aptitudes nécessaires pour leur plein épanouissement psycho-social et émotionnel. Par ailleurs, l’accès limité à l’information et aux services de prise en charge disponibles alimente davantage le silence qui règne autour de la violence basée sur le genre », lit-on dans la note annonçant ce partenariat.
Pour la féministe, la situation sociale et économique précaire des femmes victimes de violence, la peur, la discrimination qui existe au sein de la société à l’égard des victimes de violence, sans oublier le fait que l’on n’a pas, en Haïti, le réflexe de solliciter l’aide d’un psychologue en cas de besoin sont autant de raison qui expliquent que les femmes victimes de violence ne cherchent pas l’assistance psychologique adaptée à leur cas. « Dans la majorité des cas, les personnes qui subissent un trauma ont besoin d’un accompagnement, mais elles n’ont pas les moyens de se payer ces services », explique Mme Louis, qui explique que grâce à ce financement de Care-Haïti, les femmes, spécialement les abonnées DIGICEL, pourront appeler gratuitement pour recevoir une assistance psychologique. Un accord est aussi recherché avec l’autre fournisseur de téléphonie mobile afin de permettre que ce service soit disponible pour toute la population. De plus, au-delà de ce service à distance, en fonction de la situation et dans les cas où les victimes auraient besoin d’un suivi thérapeutique, les phsychologues pourraient se rendre disponibles pour ces suivis dans l’Ouest. « Nous sommes en train de mettre en place les structures et d’établir les partenariats avec des organisations de femmes locales qui puisent faire la prise en charge et les suivis de proximité dans chaque département » .
La Cellule d’intervention psychothérapeutique d’urgence d’Haïti (CIPUH) a d’abord été une initiative de l’Association haïtienne de psychologie (AHPsy) au sein de laquelle des professionnels et des associations travaillant dans la prise en charge des femmes victimes de violence, dont Fondation Toya, avaient été invités. Depuis avril 2020, en pleine pandémie de COVID-19, la CIPUH offrait gracieusement les services d'assistance à distance aux personnes faisant face à des problèmes psychologiques. Grâce à ce partenariat avec la Fondation Toya suite au financement de Care-Haïti, cette ligne permettra essentiellement à des femmes victimes de violence de solliciter de l’aide. Elle sera disponible entre 8 heures a.m. et 8 heures p.m. en attendant d'être accessible jusqu'à minuit comme l'exprime la directrice exécutive de la Fondation Toya. Comme dit le slogan : “ Nou la pou ou, n ap koute w”.