Victoria Montou, dite Toya, ou encore Tante Toya est la Tante de Jean-Jacques Dessalines, sa tutrice, la seule parente connue de son vivant, retenue par l’histoire. Elle est originaire de Dahomey, esclave sur l’habitation de Cahos, puis sur l'habitation caféière Henri Duclos, et enfin sur l'habitation Déluger avant de devenir plus tard une héroïne de la liberté en travaillant comme soldat aux côtés de Toussaint Louverture.
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Selon ce qu’a rapporté plusieurs historiens, Victoria Montou a largement contribué à la construction de la personnalité de Jean-Jacques Dessalines, le père fondateur de la nation haïtienne. La mère de Dessalines lui aurait confié le petit avant de mourir.
Tante Toya a, en effet, enseigné à son neveu l'histoire de leurs ancêtres africains, la culture africaine, les idées révolutionnaires, la liberté, le combat au corps à corps et le lancer de couteau. Un enseignement jugé dangereux par le colon Henri Duclos qui observait de très près la pédagogie de Victoria Montou et la motivation du très jeune Jean-Jacques à apprendre.
Pour l'esclavagiste Duclos, si Jean-Jacques est formé à ce niveau, ce sera une menace pour sa sécurité personnelle et pour la sécurité de Saint-Domingue. C'est ainsi qu'il décide de transférer Victoria Montou sur l'habitation Déluger et de vendre Jean-Jacques à un affranchi noir lui-même propriété d'un colon blanc français, un certain "Des Salines" dont Jean-Jacques portera le nom plus tard.
Un contemporain, Jean-Baptiste Mirambeau dans son livre peint ainsi, ce personnage important de l’histoire d’Haiti Victoria est énergique et se montre d’une intelligence et d’un esprit stratège peu communs. «(...)à la tête d'environ cinquante esclaves, ayant à la main une faulx, sur une épaule une houe et un couteau à indigotier suspendu à la ceinture de son caraco(...). Sur le commandement de Toya, une partie est envoyée au déboisement, une autre au labourage, d'autres à récolter et à mettre dans de grands paniers des céréales.(...) Elle a la voix timbrée, ses commandements sont identiques à ceux d'un général.»
Arrivée sur l'habitation Déluger, Victoria Montou remarque qu'une révolte d'esclaves n'est pas loin de se produire et qu'il manque seulement un leader. C'est ainsi qu'elle prend la tête d'une cinquantaine d'esclaves qui se soulèveront plus tard. «Ce petit quantum de révoltés, sous le commandement de Toya, a été vite cerné et fait prisonnier par le régiment. Durant la lutte, Toya se sauve poursuivie par deux militaires; un corps à corps eut lieu entre eux et Toya; l'un d'eux a été grièvement blessé par Toya et l'autre, aidé de quelques autres militaires arrivés à temps, Toya est prisonnière.» Accusée de nuire à la stabilité de Saint-Domingue, Victoria Montou est arrêtée et jetée en prison.
En janvier 1804, Haïti proclame officiellement son indépendance, et devient ainsi la Première République noire du monde.
En septembre 1804, Jean-Jacques Dessalines devient Premier Empereur d'Haïti sous le nom de Jacques Ier, et Victoria Montou devient par la même occasion "Duchesse Impériale’’. Épuisée par la fatigue, les durs labeurs de l’esclavage enduré pendant une grande partie de sa vie, la Duchesse Victoria Montou tombe malade en Juin 1805.
Lorsqu'on appelle Dessalines pour la maladie de sa tante, son message au médecin de la famille Mirambeau est clair: "Cette femme est ma tante, soignez-la comme vous m'auriez soigné moi-même. Elle a eu à subir comme moi toutes les peines, toutes les émotions durant le temps que nous étions condamnés côte à côte aux travaux des champs".
Toya mourut le jour même, le 12 juin 1805 et fut inhumée le lendemain.
Sur ordre de l’Empereur, on lui octroie des funérailles officielles. Son cadavre est porté par 8 brigadiers de la Garde Impériale sous les ordres de Dessalines, et l'impératrice Marie-Claire Heureuse Félicité Dessalines, vêtue de noir, escortée de 2 officiers, conduit le convoi mortuaire.
* Tiré de : Jean-Baptiste Mirambeau, Victoria, dans Le Document, no.2, Février 1940, p107
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